La justice prédictive est morte, vive le pricing du quantum !

Me Pierre Doitrand et Isabelle Amy, qui portent une nouvelle légaltech, Legal Quantum, accueillie depuis quelques mois par l’incubateur du barreau de Lyon, évoquent le futur de la justice prédictive après l’année 2020 et l’émergence d’outil d’aide à la décision à destination des avocats.

Après avoir été le sujet star de la legaltech ces dernières années, la justice prédictive est tombée en disgrâce durant l’année 2020. Mais que s’est-il passé ?

Les principaux acteurs ont fini par admettre que leur promesse d’évaluation des chances de succès n’était que leurre marketing :

  • PREDICTICE qui avait pourtant intégré cette promesse jusque dans sa marque, privilégie désormais une communication axée sur la simplification de la recherche et de l’analyse juridique,
  • LEXBASE ne communique plus depuis plus d’un an sur son outil LEGALMETRICS,
  • JURI’PREDIS axe aujourd’hui sa communication sur la recherche de la jurisprudence pertinente, et non sur l’évaluation des chances de succès,
  • CASE LAW ANALYTICS indique aujourd’hui sur son propre site internet que son outil « ne renseigne pas sur les chances de succès »,
  • Le Conseil National des Barreaux nous intime depuis octobre 2020 de ne plus utiliser le terme de justice prédictive au profit de celui de jurimétrie, qui aura probablement le plus grand mal à s’imposer dans un monde de la legaltech si sensible à l’image « sexy » des termes employés. 

Chacun semble avoir intégré qu’il ne fallait pas confondre statistiques sur un type de contentieux et chances de succès de « tel dossier », ni corrélation et causalité, et que comme en toute autre matière, seule la modélisation pouvait permettre de faire des prévisions fiables et raisonnables.

C’est ainsi que LEGAL QUANTUM, soutenu par l’incubateur du barreau de Lyon, fidèle à ses thèses fondatrices et son refus des fausses promesses, poursuit ses travaux sur la modélisation des dommages intérêts pour rupture du contrat de travail, sans précipitation financière ou commerciale, pour tenter d’offrir à ses confrères dans les mois ou les années qui viennent, un outil de « pricing » de l’espérance des DI associés à un dossier déterminé, seule promesse raisonnable tant l’aléa judiciaire pèse lourd dans la fixation de ce quantum, lequel peut par exemple varier du simple au quintuple dans un même dossier entre première instance et appel.